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Rapport sur les changements climatiques au Canada - Analyse du rapport CDP Canada 200

Le 10 décembreth 2014, Ecometrica a assisté au lancement de la Le CDP Le CDP a présenté son rapport 2014 sur le Canada, intitulé " Driving climate resilience through carbon mitigation ", à la Bourse de Toronto. L'événement a attiré plus de 70 participants représentant les principales sociétés déclarantes, les investisseurs et les experts en développement durable, et a célébré les entreprises canadiennes qui ont atteint une position de leader dans les indices de divulgation et de performance du CDP. Les principales conclusions tirées des données soumises aux questionnaires de 2014 sur les changements climatiques et les fournisseurs ont été mises en évidence ; plus précisément, le rapport présente les résultats du Canada 200, soit les 200 plus grandes entreprises par capitalisation boursière à la Bourse de Toronto, et donne un aperçu général de l'état des rapports sur les changements climatiques parmi les grandes entreprises canadiennes. Sur les 200 entreprises auxquelles le CDP a demandé de fournir des données, 119 ont divulgué des informations et les données de 109 d'entre elles ont été utilisées pour rédiger le rapport.

Le rapport 2014 se concentre sur l'idée de résilience comme stratégie d'entreprise en matière de changement climatique. Se référant à la "capacité d'une institution ou d'une communauté d'entreprise à répondre efficacement aux impacts du changement climatique et à s'en remettre", les objectifs de la résilience climatique recoupent ceux de la continuité des activités et des efforts de gestion des risques déjà en place dans de nombreuses organisations. Dans les deux cas, les entreprises s'efforcent d'identifier les impacts potentiels de facteurs externes - un climat changeant, dans le cas de la résilience climatique - et de préparer leur infrastructure, leurs processus, leurs produits et leur personnel à gérer efficacement ces événements. Au fil du temps, ces efforts d'anticipation permettront aux entreprises de se rétablir rapidement à la suite d'événements imprévus, notamment de graves intempéries et de leurs conséquences sur les chaînes d'approvisionnement et les opérations. Les initiatives en matière de résilience climatique doivent toutefois aller au-delà des processus classiques de gestion des risques pour prendre en compte et intégrer les opportunités commerciales découlant de l'atténuation du changement climatique, telles que l'efficacité de l'utilisation des ressources, la diversification - ou la localisation - des chaînes d'approvisionnement, la différenciation des produits et la réduction des coûts opérationnels.

Afin de souligner l'importance de la résilience climatique des entreprises, Karen Clarke-Whistler ? Chief Environment Officer du Groupe TD Bank ? a longuement évoqué dans son discours d'ouverture les ramifications financières de l'inaction. En 2013, par exemple, les assureurs canadiens ont reçu plus de 3 milliards USD de demandes d'indemnisation pour des pertes liées à des événements climatiques, dont un nombre écrasant lié aux inondations de juin 2013 en Alberta, aux tempêtes et inondations soudaines de juillet 2013 à Toronto et aux tempêtes de verglas hivernales sur la côte Est. Les impacts de ces tempêtes ont été importants dans les trois domaines de la résilience : l'infrastructure, l'accès aux ressources et les personnes ; les lignes électriques, les routes et les bâtiments ont été endommagés ; les chaînes d'approvisionnement ont été gravement perturbées, ce qui a entraîné l'inaccessibilité ou le retard des ressources ; et les entreprises ont perdu de la productivité et des bénéfices car des dizaines d'employés n'ont pas pu se rendre au travail ou travailler à distance.

Il est important de souligner que les phénomènes météorologiques violents de 2013 et les répercussions qui en ont résulté sur l'économie canadienne ne doivent pas être considérés comme un cas unique ; au contraire, les recherches menées dans le cadre du récent rapport du GIEC démontrent que les phénomènes météorologiques dangereux - sécheresses, inondations, tempêtes et vagues de chaleur - augmentent en gravité et en fréquence partout dans le monde. La même tendance est observée au Canada, où le nombre moyen de catastrophes naturelles - c'est-à-dire d'événements qui déplacent des personnes, causent des blessures ou des décès, ainsi que des dommages matériels et des perturbations économiques générales - a effectivement doublé depuis 1980 (figure 1, ci-dessous). Dans ce contexte, on prévoit que les Canadiens paieront 5 milliards de dollars par année pour les coûts associés aux phénomènes météorologiques violents d'ici 2020, et de 21 à 43 milliards de dollars par année d'ici 2050, si les infrastructures et les processus ne sont pas améliorés pour éliminer les vulnérabilités.

Catastrophes naturelles au Canada

Figure 1. Catastrophes naturelles au Canada entre 1902 et 2012

Heureusement, le rapport Canada 200 sur le changement climatique montre qu'un nombre croissant d'entreprises reconnaissent les risques liés au changement climatique. En 2014, les entreprises répondantes ont signalé un total de 700 risques réglementaires, physiques et autres liés au changement climatique, ce qui représente une augmentation de 41% par rapport aux chiffres de 2012. Il est encourageant de constater que les entreprises identifient des opportunités commerciales à un rythme encore plus rapide ; le total des opportunités liées à l'atténuation des émissions et à l'adaptation rapportées par les entreprises répondantes a augmenté de 48% par rapport aux chiffres de 2012. Les opportunités identifiées au cours des années précédentes se concrétisent également ; sur les près de 300 initiatives d'atténuation des émissions lancées par les entreprises canadiennes, plus de 80% se qualifient d'investissements "gagnant-gagnant" en améliorant simultanément la résilience. Parmi ces mesures, on peut citer l'efficacité énergétique des bâtiments et des processus, les installations énergétiques à faible teneur en carbone, les modifications des processus de transport et les changements de comportement.

Le rapport a également révélé deux domaines clés de l'action climatique dans lesquels le Canada et les entreprises canadiennes ne sont pas à la hauteur : la politique et la fixation d'objectifs. Il n'est pas surprenant que la politique canadienne en matière de changement climatique, en particulier au niveau fédéral, fasse défaut. Depuis que le gouvernement conservateur de M. Harper s'est officiellement retiré du protocole de Kyoto en décembre 2011, les gouvernements provinciaux ont dû combler le manque de leadership en matière de politique climatique. Malgré l?attitude réfractaire du gouvernement fédéral, il y a eu plusieurs développements encourageants. En janvier 2012, le Québec est devenu la première province à adopter des règlements pour un système de plafonnement et d'échange de droits d'émission sur les émissions industrielles. Émissions de GESdans un effort conjoint avec la Californie. Le Québec a également fixé l'un des objectifs de réduction les plus ambitieux d'Amérique du Nord ? 20% sous les niveaux de 1990 d'ici 2020. La Colombie-Britannique a établi une taxe sur le carbone qui s'applique aux trois quarts des émissions de la province et un objectif de réduction des émissions de GES de 12% par rapport aux niveaux de 1990 d'ici 2020. En Ontario, les lois exhaustives sur l'énergie verte et l'économie verte favorisent le développement de l'énergie propre ; en 2009, les émissions étaient inférieures de 7% à celles de 1990, ce qui permet d'envisager des réductions de 15% d'ici 2020.

 

Projections des émissions du Canada dans un graphique linéaire

Figure 2. Émissions historiques et prévues de gaz à effet de serre du Canada jusqu'en 2020

Selon les récentes projections d'Environnement Canada, le Canada n'est pas en voie d'atteindre l'objectif que nous avons soumis à la CCNUCC en 2010, soit de réduire les émissions nationales de GES de 17% d'ici 2020 par rapport aux niveaux de 2005. Étant donné que les objectifs énumérés ci-dessus pour les chefs de file provinciaux du Canada en matière de politique climatique ? Québec, l'Ontario et la Colombie-Britannique - sont tous en deçà de la fourchette de réduction recommandée de 25 à 40%. 40% recommandées par les climatologues, il faut s'y attendre. À l?aide des données de " Tendances des émissions au Canada 2014 ", la figure 2 illustre le fait que les émissions annuelles de GES du Canada s?élèveront à 727 mégatonnes d?équivalent dioxyde de carbone (Mt éq. CO2e) en 2020, soit 19% (116 Mt CO2e) supérieur au niveau d'émissions visé.

L'absence de politique au niveau fédéral, qui se traduit par l'établissement de politiques fragmentées et une lenteur prolongée à l'égard des cibles nationales de GES, a évidemment eu un impact négatif sur la planification de l'atténuation à long terme au sein du milieu des affaires canadien. Seulement 56% des répondants de Canada 200 ont déclaré avoir fixé une cible de réduction des émissions (soit absolue, soit en intensité), comparativement à 80% des entreprises du Global 500. Il est intéressant de noter que seulement 20% des objectifs fixés par les entreprises canadiennes étaient à long terme (définis comme ayant une année cible de 2020 ou plus). On peut supposer que la passivité du gouvernement Harper concernant l'atteinte d'objectifs nationaux et la réglementation de l'industrie pétrolière à forte intensité d'émissions a provoqué l'hésitation et l'incertitude des grandes entreprises canadiennes quant à la fixation d'objectifs. CDP montrent que les intervenants canadiens sont, en moyenne, 5% en retard sur le rythme requis pour atteindre leurs objectifs de réduction.

Dans l'ensemble, si le rapport 2014 a mis en évidence certaines tendances encourageantes - davantage d'entreprises publiant des informations, des scores de divulgation et de performance plus élevés parmi les leaders, et l'implication des cadres supérieurs et des membres du conseil d'administration dans les stratégies liées au climat - il est clair que de nombreux domaines doivent encore être améliorés. Plus particulièrement, les entreprises du Canada 200 ont le potentiel de faire avancer la politique climatique en fixant des objectifs de réduction conformes aux projections scientifiques et en engageant les décideurs de l'industrie et du gouvernement dans des discussions sur la croissance durable et la réduction des émissions. Les efforts d'atténuation qui renforcent simultanément la résilience des entreprises et des chaînes d'approvisionnement canadiennes ont le potentiel de réduire considérablement les coûts de récupération à l'avenir, et de faire en sorte que la population et les entreprises du Canada soient préparées aux effets inévitables d'un climat changeant.

 

https://www.cdp.net/CDPResults/CDP-Canada-200-Climate-Change-Report-2014.pdf

Ibid

http://www.accenture.com/SiteCollectionDocuments/Strategy/accenture-climate-resilience-digital-strategies-manage-risk.pdf

http://www.ipcc.ch/report/ar5/wg2/

http://collectionscanada.gc.ca/webarchives2/20130322181153/http://nrtee-trnee.ca/wp-content/uploads/2011/09/paying-the-price-executive-summary.pdf

http://www.td.com/document/PDF/economics/special/NaturalCatastrophes.pdf

https://www.cdp.net/CDPResults/CDP-Canada-200-Climate-Change-Report-2014.pdf

http://www.ec.gc.ca/Publications/default.asp?lang=En&n=EE4F06AE-1&xml=EE4F06AE-13EF-453B-B633-FCB3BAECEB4F&offset=3&toc=show

http://www.davidsuzuki.org/publications/downloads/2012/All%20Over%20the%20Map%202012.pdf

https://www.ec.gc.ca/indicateurs-indicators/default.asp?lang=en&n=CCED3397-1

http://unfccc.int/files/meetings/cop_15/copenhagen_accord/application/pdf/canadacphaccord_app1.pdf

La figure 1 du rapport Canada 200 2014 du CDP utilise les données de 2013 de Tendances des émissions au Canada ; Ecometrica a choisi d'utiliser l'ensemble de données le plus récent, qui n'était probablement pas disponible au moment de la publication du rapport du CDP.

https://www.cdp.net/CDPResults/CDP-Canada-200-Climate-Change-Report-2014.pdf

Temps de lecture : 9 minutes

Date de publication : 10 février 2015

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TLDR :

Le 10 décembre 2014, Ecometrica [...]

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